mercredi, janvier 18, 2006

Quaero (suite)

Deux observations additionnelles :

1 - J’ai été un peu léger dans mes estimations pour le budget de Quaero, telles que je les mentionne dans mon billet précèdent.

Déjà, (dans un article du IHT du 18 janvier), les promoteurs de ce projet remontent la barre et évoquent, 1.2 à 2.4 Milliards d’euros sur 5 ans. C’est encore 5 fois moins que Google, mais ce n’est probablement pas fini. Les ambitions étatiques doivent être satisfaites et les partenaires privés sont prompts à les stimuler et à en tirer profit.

Selon un article du Financial Times : “There will certainly be interesting technologies developed out of the Quaero project. But the best to be expected is that as soon that will happen, the companies involved will scoop them up and include them in their products.”


2 - On me fait observer que la solution pour satisfaire ces ambitions est tout simplement d’acheter Google. On remplace les couleurs de son logo bleu, rouge, jaune et vert par bleu-blanc-rouge. On désigne Jean-Louis Beffa à la place de Larry Page et le tour est joué. Le Pouvoir américain ignore la pratique du « patriotisme économique ». Ils ne nous mettrons pas de bâtons dans les roues.
Problème : la capitalisation boursière de Google environ 140 Milliards de dollars équivaut à peu près au budget annuel de l’Europe (budget pas encore approuvé d’ailleurs). Il faut renoncer à la PAC et à tout le reste.




lundi, janvier 16, 2006

Quaero.

Le moteur de recherche européen, imaginé par qui vous savez, pour se rendre indépendant de « l’hégémonie américaine » en la matière. (Comprenez Google surtout et Yahoo.)

Quaero ou le matamorisme* chiraquien…

Et bien entendu, quand l’Etat veut du grandiose… Celui-ci est applaudi, accompagné, excité dans ses ambitions par la cohorte de ses courtisans et autres techno-gurus qui cherchent à se faire plaisir sous couvert d’œuvrer pour le prestige et la grandeur de la France, (voulant ignorer superbement ce qu’il en coûte au contribuable), ainsi que par les entreprises publiques ou privées, gravitant dans le cercle du Pouvoir, qui sont toujours là pour profiter des largesses publiques. Ce ne sont pas eux qui vont se poser des questions.

Vous ne trouverez donc guère dans les sphères officielles les réalistes lucides qui pourraient avoir une opinion plus raisonnable sur le sujet…Quant aux médias, de connivence comme toujours, tout ce qui flatte le bon public et l’ego du citoyen peu regardant, est un sujet qui fait vendre.

Et pourtant… souvenez-vous du Plan Calcul, même suffisance étatique, même arrogance, même présomption, même combat. C’était en 1966 déjà , il s’agissait alors comme aujourd’hui de lutter contre la suprématie informatique américaine. Ce Plan Calcul avait donné naissance à la Compagnie International d’Informatique (CII) puis Unidata….le tout a sombré dans le plus grand ridicule pour aboutir à cette « gloire nationale » appelée Bull. Détournez vos yeux du gouffre financier que cela a produit (initialement et encore récemment avec les renflouements successifs de cette dernière entreprise), vous pourriez en avoir un vertige fatal !

Vient maintenant le projet Quaero, une usine à gaz avec plus de 17 participants. Le nom lui-même, quaero.com, n’est pas libre. Il est déjà utilisé par une Cie américaine. Ca commence bien !

Quels objectifs ? Google effectue les recherches, en français (google.fr) ou en japonais, en russe, en chinois, etc. et classe les résultats en fonction de la pertinence par rapport au mot clé. Où est la suprématie américaine ?…Google préfigure un monde qui se forme devant nous où la connaissance n’a plus de nationalité et l’accession au savoir est mondiale, et les principaux acteurs sont des entreprises universelles (« global companies »). Que veut apporter de plus Quaero?... Classer les résultats des recherches en fonction de critères culturels français tels qu’ils sont déterminés par les esprits forts de l’état. Succès international assuré ! En tout cas sans moi ! Merci !

Quel modèle économique ? La part de Google du marché des moteurs de recherche ne fait que s’accroître chaque jour et atteint 40% mondial. Son modèle économique est une telle réussite qu’il garantit la gratuité, l’universalité et la pérennité. Yhaoo et Microsoft rament de leur coté pour contrer le déferlement google. Comment Quaero veut-il gagner de l’argent ? Aucune indication ! Sauf que la « culture francaise n’est pas une marchandise » et que « l’état culturel » bien sûr se charge de la diffuser aux frais des citoyens pour leur édification. On est en plein soviétisme !

Quel budget ? un budget de 100 M euros sur 5 ans pour Quaero dit-on, soit 20 M d’euros par an. Ridicule, quand on sait que R&D chez Google atteint fin 2005, le rythme de 1 milliard de USD an, soit près de 45 fois plus et va croissant chaque trimestre.

Quels ingénieurs ? Il y a quelques informaticiens européens déjà mobilisés pour Quaero et ils sont très brillants sans nul doute ! Mais qu’est-ce contre les 5000 ingénieurs de Google et sa politique de recrutement, en Californie, en Inde, en Chine et en Suisse à des niveaux de qualifications extrêmes et au rythme d’environ 10 par mois voire plus ? Et d’ailleurs Google ne manquera pas de débaucher ceux de Quaero le moment venu après leur perfectionnement au frais du contribuable européen.

C’est trop tard MM. les technocrates, il fallait avoir l’idée avant. Votre dirigisme désordonné est toujours décalé par rapport aux réalités soit trop tôt (voir le Minitel) soit trop tard.

Et pourtant les français sont des organismes multicellulaires aussi sophistiqués que ceux d’outre atlantiques et la surface de leur cortex n’a rien à leur envier. Le hic, c’est que le bouillon cytoplasmique dans lequel ils se développent est de nature trop étatique.



*Procédé de défense utilisé généralement par des insectes qui, attaqués, se dressent, se gonflent, étalent tous leurs appendices, augmentent de volume pour effrayer leur ennemi…Larousse encyclopédique