jeudi, novembre 23, 2006

La nouvelle Pythie socialiste

Deux événements majeurs ont marqué la semaine dernière. Deux événements sans rapport !… et pourtant on ne peut s’empêcher de percevoir des résonances.

D’un coté Milton Friedman est mort, l’économiste le plus influent de la 2ème moitié du siècle dernier. Celui qui a déboulonné Keynes et a été l’inspirateur des révolutions économiques de Reagan et Thatcher. Ses principales lignes directrices monétaristes sont maintenant appliquées universellement et sont pour beaucoup dans la croissance économique mondiale de ces dernières décennies.

De l’autre Ségolène Royal devient la Pythie des socialistes français. Et elle considère avec eux que le redressement ce fera grâce à l’Etat et à la restauration du pouvoir d’achat.

Elle a dit : « Ce n’est pas de trop d’état que souffre la France c’est de pas assez d’état. »
Milton Friedman quant à lui : « …le gouvernement gouverne mieux quand il gouverne moins. »

Elle dit : "C’est la question globale du pouvoir d’achat qu’il faut régler, avec un signal fort sur le SMIC". Ou ailleurs : « …relancer la croissance et la confiance en augmentant le pouvoir d’achat ».
Milton Friedman (prix Nobel d’économie 1976) lui, a passé sa vie à démontrer l’aberration et les effets pervers de ce type de politique typiquement keynésienne.

Les thèses de Milton Friedman ont fait, avec le succès que l’on connaît dans de nombreux pays, la preuve de leur pertinence. Les projets de Ségolène Royal sont des combats anciens et perdus d’avance.

Mais il faut dire qu’avec la nouvelle Prêtresse, nous ne sommes pas dans le domaine du réalisme, mais dans le rêve.
Ah les belles incantations :
« Une démocratie plus directe, participative pour s’appuyer sur la capacité d’expertise des citoyens,...construction d’une société de solidarité,.. établissement d’un ordre juste,.. avec le progrès pour tous, le respect pour chacun,.. mobilisation des énergies positives qui se rassemblent et des libertés nouvelles à inventer… ». Dites-nous les mesures pour exaucer ces vœux pieux ? Surtout pas !

Ségo au pays des merveilles. Ce populisme maternant est son thème exclusif de campagne.

Ces incantations associées à un charme proche du charisme…voilà le danger !

Très grand danger même, parce que si on s’accorde à dire que le consommateur est naturellement intelligent sachant déterminer son meilleur intérêt, l’électeur est généralement stupide et se laisse facilement prendre par le chant des sirènes.

Rappelons cette citation de Mario Vargas llosa :
« Malheur aux démocraties qui ont besoin de « chefs charismatiques » pour surmonter les grandes crises. Car cela signifie qu’elles sont précaires et qu’on perçoit encore au fond de ces sociétés…, l’appétit de ce temps magique où la vie était une tranquille servitude exempte de responsabilités personnelles, sans la sujétion de la raison et de la liberté. »