vendredi, mars 25, 2005

Constitution confusion

Quelle confusion au sujet des débats sur la Constitution européenne !
Comment un honnête citoyen peut-il s'y retrouver ?
Au départ il y a un texte lourd et confus. Puis des hommes politiques divisés à droite comme à gauche invoquent pour le Oui comme pour le Non les mauvaises raisons.
Et en même temps, d'autres questions, qui ne sont pas dans le sujet, viennent traverser le débat : la directive Bolkenstein, l'adhésion turque, les problèmes sociaux et le discrédit du gouvernement.
Dans cet amalgame obscur il est certainement difficile d'y voir clair. Il faut donc couper le son sur cette cacophonie et réfléchir aux principes de fonds.
Un texte Constitutionnel doit être très simple et très court fixant les valeurs qui unissent les participants et emporter une adhésion indiscutable. Celui qu'on nous propose est lourd, compliqué et confus parce il a cherché des compromis basés sur des contradictions.
Il a manqué au départ une vision politique de l'Europe acceptée unanimement par tous les pays. Il fallait choisir clairement entre l'Europe-puissance et l'Europe des Nations. Il n'y a pas de compromis possible entre ces deux visions. Les français n'ont pas fait véritablement leur choix sur ces grandes options. Pas étonnant qu'ils ne comprennent pas aujourd'hui où on veut les emmener.
L'Europe-puissance est la grande chimère de la France et particulièrement de sa technostructure, alors que l'Europe des Nations est beaucoup plus conforme à la réalité politique, tout au moins pour de longues années encore. Sous la direction de son ancien président cette chimère française a été poursuivie jusqu'à l'aboutissement d'un projet indigeste, produit de ce compromis impossible. Il en résulte une usine à gaz.
Les partisans du Oui se réfèrent généralement à ce concept d'Europe-puissance (sous leadership français, bien entendu, double chimère) où celle-ci pourra contrebalancer la puissance américaine. Pour contrebalancer la puissance américaine, si toutefois c'est un objectif valable, ce n'est pas d'une Constitution dont l'Europe a besoin mais principalement d'une forte croissance économique appuyée sur un indiscutable potentiel d'innovation technologique (en proportion avec sa population).
Ces partisans sont également inspirés par le fait que l'État, c'est la solution. Ils ne veulent pas voir en fait que l'État c'est le problème. Ajouter un peu plus d'État au niveau de Bruxelles, une couche supplémentaire de fonctionnaires, des taxes additionnelles pour résoudre les problèmes, voici les facteurs qui pour eux sont synonymes de progrès. A vous de juger !
Les partisans du Non pensent eux à la concurrence des Polonais, des Slovaques, des Estoniens voire bientôt celle des Turques... Ils s'attachent à leurs intérêts acquis, leur corporatisme... Ce sont ceux qui refusent le libre-échange et qui sont incapables de percevoir, au-delà de leur pré-carré, les bénéfices que l'on peut attendre de la spécialisation et de la diversification. Le progrès de l'humanité s'est toujours fait par l'ouverture et l'échange. Les phases de déclin ont toujours suivi le repli sur soi et le refus de l'étranger (à son groupe ou à sa religion).

Alors ni Oui ni Non ?Ce sera Non ! mais pas pour les raisons évoquées ci-dessus. Ce sera un Non positif pour que resurgisse de ce cataclysme politique, l'Europe de la liberté.

Une Europe de Nations libres et différentes cherchant ensemble, dans la libre négociation, le compromis et la saine concurrence, à réaliser l'objectif des principes fondamentaux du traité de Rome de 1957, la libre circulation des biens et des services, des capitaux et des personnes. Une Europe des Nations inspirées par les valeurs démocratiques pour elles-mêmes mais aussi dans leurs relations avec l’extérieur. Une Europe qui, au lieu de chercher d'une manière autoritaire une «harmonie par le haut» ou par le bas, respecteraient toutes les différences sociales, juridiques ou fiscales mais aussi culturelles ou religieuses.


Foin de l'Europe-puissance, de l'Europe politique, de la défense commune, d'un super président, d'un ministre des affaires étrangères commun etc.Tout ceci était déjà difficile à concevoir dans l'Europe des quinze alors maintenant dans celle des vingt-cinq, est-ce véritablement sérieux d'y penser un seul instant ?
Et puis ça signifie plus de règlements, plus de fonctionnaires, plus d'État, plus de contraintes, plus de taxes... Quelle horreur !...L'enfer de Dante offre une meilleure perspective !

mispe