dimanche, février 11, 2007

Démagogie participative.

La démocratie participative, tout le monde en parle. C'est la plate-forme de combat de la Candidate. Cette idée est considérée comme une grande avancée politique. Et les foules qui ont besoin d’illusion s’emballent.

Je dirai tout net ma pensée : il s'agit là d'une véritable escroquerie intellectuelle basée sur le populisme le plus misérable et pire peut-être, un instrument au service de la tyrannie de minorités actives.

La démocratie participative est supposée donner la parole aux citoyens et guider l'action des dirigeants. Il s'agirait semble-t-il de créer des groupes de concertation et de co-décision.

Rien n'est dit cependant en ce qui concerne les thèmes réservés à ces débats. S'il s'agit de débattre de la propreté municipale et du sort des crottes de chien, il n'y a pas trop de problème.

Mais l’ambition affichée est démesurée. Car s’il s'agit de traiter du pouvoir d’achat, du déficit de la Sécurité Sociale, de la médiocre croissance de la France, de son chômage structurel, de ses déficits budgétaires et de commerce extérieur, de l’immigration, etc., le problème change considérablement de nature.

Dire que les citoyens sont des « experts légitimes » de ce type de question c'est prendre les gens pour des idiots ou bien vouloir les leurrer pour mieux les soumettre, conduire et diriger.

Il est impossible que le citoyen participant, même honnête ait une vue objective de l'intérêt collectif sur ce type de débat puisqu'il est à la fois l'usager de services publics, contribuable, professionnel éventuellement affecté, etc. Il est évident qu’il ne peut avoir une vue impartiale, objective et constructive à l'échelle collective, sachant qu'il est bien connu que chacun d'entre nous voit midi à sa porte et que les intérêts corporatistes dominent.

Viennent ensuite trois autres écueils graves :

Qu’est-ce qu’il se passe pour les citoyens qui ne participent pas. Ils n’ont pas pu. Ils se considèrent incompétents. Ils n’ont pas confiance ou font partie des « soumis sociaux ». Les voilà irrémédiablement marginalisés.

Puis il y a pour l’animateur des débats, l’impossibilité technique de pondérer à leur juste valeur et intégrer tous les avis pour une synthèse équilibrée et représentative, même avec l'aide des nouvelles technologies de l'information,

Et pour que cette synthèse soit honnête il ne faudrait prendre en compte que les interventions des citoyens consultés. Tache également impossible compte tenu du caractère informel et forcément confus de ces débats. Les parti-pris, les préjugés des animateurs vont immanquablement s’introduire dans les conclusions à dose plus ou moins subtile.

C’est là où commence le danger pour la démocratie réelle et où entrent en jeu les minorités actives, avec, en cas de systématisation, une véritable tyrannie de ces minorités. On en frémit !

Ceux qui ont lu un livre à succès, Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens, Joule et Beauvois , sauront qu’il est facile à une équipe de psychologues sociaux bien entraînés de manipuler les gens, à leur insu d’ailleurs. De telles pratiques utilisées à des fins politiques sont parfaitement envisageables (même envisagées). On peut donc redouter le pire dans le cadre de ces débats participatifs, car la dérive se produirait immanquablement en ce sens, les minorités actives et convaincues cherchant à imposer leurs vues.

Bien sûr, le concept de participation démocratique est séduisant. Depuis le début des années 90, un ensemble de législations diverses en a posé le principe dans des cas précis et limités, en cherchant à multiplier les dispositifs de concertation. Les effets pratiques, dans le sens d'un approfondissement de la démocratie, ne se sont pas réellement produits et ces nouvelles procédures n’ont guère données au citoyen le sentiment qu'il était un réel acteur de la décision. Ces expériences auraient plutôt contribuer a développer un sentiment d’impuissance et de frustration dans le public qui constate que leur avis n’est guère pris en compte.

Comme il est dit dans l’exposé de Loic Blondiaux, universitaire français, ci-joint, la réflexion sur la démocratie participative en France reste pauvre dans le domaine conceptuel, procédural et politique. Et les dilemmes associés à cette notion ne sont pas traités.

Alors on appelle à la rescousse pour promouvoir ce concept les exemples étrangers.

On évoque notamment Porto-Alegre et son budget participatif. L'avis des habitants de cette ville brésilienne étant recueilli pour l'établissement du budget municipal.

Il y a aussi la nouvelle Constitution Bolivarienne du Venezuela basée sur la démocratie participative.

Dans le premier cas. Il faut noter qu'elle est appliquée dans un cadre très limité et selon une procédure pyramidale très élaborée. Mais surtout il ne semble pas que les citoyens ait véritablement apprécié puisqu'ils ont élu en février 2005 un nouveau maire qui remet en cause ce principe.

Dans le second inutile d'en parler, tellement c’est caricatural. Hugo Chavez, son champion au Venezuela, s’est fait voter récemment les pleins pouvoirs pour gouverner par décret pendant les prochains 18 mois. C'est d'ailleurs bien les minorités actives de la révolution bolivarienne qui pilotent ces fameux débats participatifs avec la différence que dans ce cas il n’est guère besoin de psychologues sociaux, l’argent du pétrole distribué suffit amplement pour la manipulation.




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