samedi, juin 11, 2005

Et maintenant…pour la France ?

Tout d’abord, je recommande la lecture de l’article de Nicolas Baverez dans le Monde du 3 juin 05, sur la situation de notre pays et sur la culpabilité de nos dirigeants, triste mais lucide.

Nous vivons une fin de régime et ces derniers ne s’en rendent pas compte ! Dans notre passé historique ce type d’inconséquences s’est terminé par quelques « raccourcissements ». Ces messieurs devraient se méfier même si les mœurs d’aujourd’hui sont plus paisibles.

Les structures politiques traditionnelles ont été brutalement désavoués pour une 2ème fois. Les partis de gauche et de droite sont fracturés et ne savent même plus où ils en sont et à quels saints se vouer.

L’économie est paralysée avec un chômage de masse enkysté et structurellement funeste, et une croissance quasi inexistante. Une société rongée par l’exclusion avec des zones de non-droit. De graves carences multiples dans l’Université, dans l’innovation, l’entreprise etc..

A l’international, le pays est isolé, aussi bien en Europe qu’ailleurs, car il ne représente plus rien. Et même l’Allemagne, notre compagne dans le malheur, se détournera vite de nous, dès septembre prochain avec l’élection probable d’Angela Merkel.

Et comment se fait-il que toutes ces calamités nous soient arrivées ?

D’abord Giscard a dangereusement affaibli la France, puis Miterrand a corrompu le corps social en le droguant à l'assistanat, et enfin ChiTché a tout pourri par son inconsistance . Mais leur nuisance a été finalement rendu possible parce que la France souffre d’un grave déficit de démocratie.

Contrairement aux apparences démocratiques extérieures, la France subit la dictature d’un parti unique. Il n’a pas de nom mais pourrait s’appeler le Parti Etatique Institutionnel. Logique, quand tous les dirigeants sont recrutés dans la même école où la religion de l’Etat est poussée jusqu'à l’idolâtrie. Dans ce parti les tendances peuvent s’exprimer à gauche ou à droite mais rien ne change au fait que finalement le Parti Etatique reste la machine à garder le pouvoir.

La similitude est frappante avec le Mexique à la façade également parfaitement démocratique et qui est resté très longtemps soumis en réalité à la dictature du Parti Révolutionnaire Institutionnel, alternant les expériences dirigistes, libérales ou gauchistes selon les époques mais toujours dans le cadre de ce même parti.

Même docilité et connivence des Assemblées parlementaires supposées représenter les citoyens mais infiltrées par le Parti Etatique. Et pour cause, la grande majorité de leurs membres est issue elle-même de l’Etat (pour y revenir après) ou en dépend directement ou indirectement. En même temps, inexistence ou asservissement des contre-pouvoirs (médias et justice notamment). Même complicité objective avec les syndicats. Normale et nécessaire pour assurer la tranquillité politique lorsque la légitimité du Pouvoir est douteuse. Les syndicats eux-mêmes ne constituent pas vraiment une représentation démocratique de la classe ouvrière puisque les ouvriers ne sont pas, pour la grande majorité en France, syndiqués du tout.

Et nous subissons cet Etatisme cynique et démagogique, qui de plus nous berce de l’illusion archaïque de la grandeur gaulliste (voire bonapartiste dans sa version européenne).

Assez, cela ne peut plus durer, mais en même temps on a l’impression que le changement n’est pas possible.

Car ce grave déficit démocratique fait que le Pouvoir manque finalement de la légitimité nécessaire pour engager les réformes indispensables et exercer son autorité sur les quelques centaines de milliers de manifestants qui descendent dans les rues à la moindre occasion.

Pour ces derniers dont la plupart sont « les privilégiés de la solidarité », « préserver les acquis sociaux », c’est lutter pour que rien ne bouge. Défendre le « modèle social français » correspond au maintien de privilèges exorbitants. « L’ultra-libéralisme » brandi comme un épouvantail, ce sont les intérêts corporatistes menacés.

Le citoyen de base reste intimidé par ces beaux sentiments et se laisse facilement circonvenir par toute cette rhétorique. Nous sommes l’avant-garde des mouvements sociaux, leur disent-ils, nous ouvrons la voie et nous travaillons pour vous ! Boniments !

Il faut vraiment que la démocratie soit à ce point dévoyée chez nous pour que l’on en arrive à cette tyrannie de la part de minorités privilégiées.

Pourtant un nouveau spasme des citoyens a eu lieu, mais l’incompréhension du Parti Etatique reste totale. Comme seul remède dans l’immédiat, on nous propose encore plus d’Etat. Et, ces messieurs les bonimenteurs continuent de s’agiter.

Il y a extrême urgence, on ne peut pas attendre 2 ans, sinon « la France va poursuivre sa descente aux enfers d’ici à 2007 »

On peut rêver, pour engager la modernisation du pays, à « un leadership politique fort, un discours de vérité et un projet réformateur clair, une équipe gouvernementale cohérente. »

Par quel miracle ?

C’est aux structures qu’il faut s’en prendre !
C’est notre propre Constitution qu’il faut réformer (avant de penser à celle de l’Europe !)

Et pour commencer, une idée simple : inéligibilité des fonctionnaires et de tous les professionnels de l’Etat à tous les postes politiques. S'ils veulent faire de la politique qu’ils démissionnent sans parachute. On ne peut pas être à la fois juge et partie !

Une manière pour nous de détruire la nouvelle Bastille, le Parti Etatique Institutionnel, et d’en « guillotiner » les représentants, proprement !

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