dimanche, juin 26, 2005

La démagogie du pire

D’un Pouvoir aux abois, on ne peut attendre qu’une chose : qu’il en rajoute dans la démagogie et le clientélisme ! Et ce drame va encore durer 2 ans pour notre malheur !

Le 1er juillet, hausse du SMIC de 5,51 %. Bravo pour ceux qui vont en profiter ! Mais malheureusement cela signifie encore plus de chômeurs ou d’exclus et encore moins de croissance. Car en relevant ce seuil déjà très haut ce sont les forces créatrices qui sont un peu plus handicapées. Ce chiffre n’est justifié ni par la hausse de la productivité, ni par l’inflation, ni par la croissance (toutes les 3 inférieures ou à peine supérieures à 2%).

Nos élites (politiques ou syndicales) agissent à contresens, et ce depuis 30 ans ! et continue à produire du chômage de masse dont la France souffre à un niveau structurel insupportable. Elles se refusent systématiquement à tirer les conséquences des orientations irréversibles prises par notre pays.

Notre Technocratie (peut-être devrions-nous écrire « Technocrassie ») de droite comme de gauche nous ont définitivement engagé sur la voie d’un régime capitaliste ouvert sur le Monde (sans nous le demander vraiment, mais passons !). Et d’ailleurs, qu’est-ce-que vous vouliez que nous fassions d’autre, nous enfermer dans notre hexagone. Un peu exigu, l’hexagone ! Sauf pour les irréductibles ou les irréfléchis qui font l’apologie de la croissance zéro et le repli autour de leur clocher.
Toutes les autres voies ont été disqualifiées. Et particulièrement toutes celles qui ressemblent à ces oxymorons : sociale démocratie, socialisme de marché, capitalisme social…,

Nous sommes donc soumis au Marché…mondial, aussi simple que ca ! Et il n’y a pas de demi-mesure. Si vous refusez de vous soumettre à cette tyrannie, et à celle en particulier du pétrole à $60 dollars le barils, laissez votre voiture au garage et rentrez chez vous !

A partir de là, pourquoi nos élites ne réussissent pas à abattre le chômage, alors que nombre de pays, soumis aux mêmes paramètres, se sortent d’affaire. Voyez sur ce thème une étude comparative entre 2 pays, tout deux dans l’Euroland, la Belgique dont la situation est proche de la nôtre et l’Irlande.

Serait-ce que les dites élites cherchent à protéger des privilèges acquis, des intérêts corporatistes, ou serait-ce : « un misérable hermétisme intellectuel devant l'information la plus élémentaire » ou encore la honte qu’elles auraient à reconnaître que, pendant des dizaines d'années elles se sont trompées, ou nous ont sciemment trompés ?

Pourtant les conséquences à tirer des orientations prises sont simples. Elles résultent de l’application amplement connue et démontrée du théorème de Schumpeter : le capitalisme, est un corps vivant complexe « multicellulaire » où se déroule continuellement le processus de destruction créatrice. Le niveau de l’emploi résulte donc d’une simple équation, création moins destruction.

On dit qu’en France il se détruit 10 000 emplois par jour et qu’il s’en crée presqu’autant …mais sensiblement un peu moins, et c’est tout le problème.
Ce processus de destruction naturelle est sain et souhaitable. Il est indispensable pour la réallocation optimale des ressources et pour l’adaptation continuelle aux changements des paramètres économiques et des technologies. Plus cette adaptation est souple et rapide et plus le niveau de productivité s’améliore et en conséquence le niveau des richesses individuelles.
Ceci n’exclut en rien que les victimes directes de ce processus de destruction ne fassent pas l’objet d’une solidarité nationale même généreuse pour autant que celle-ci soit nationale, universelle et surtout sans privilèges particuliers.

S’évertuer à réglementer, rendre difficiles et onéreuses ces destructions indispensables, comme le font nos élites (politiques et syndicales) depuis 30 ans est donc extrêmement dangereux. (C’est comme si un chirurgien intervenait sur une partie d’un corps vivant, le cœur par exemple, sans se préoccuper de l’irrigation cérébrale.)
Elles ne parviennent d’ailleurs pas à les freiner substantiellement, tant s’opposer à ce phénomène est contre la nature même du système. De la même manière qu’à la belle époque du dirigisme on n’a jamais pu abaisser l’inflation par le contrôle des prix.

Mais en revanche une telle politique a des effets pervers sur l’autre membre de l’équation, la création qui elle, se trouve par voie de conséquence considérablement réduite, et plus que proportionnellement. En effet en cherchant à s’adapter elles-mêmes à ces conditions adverses les forces créatrices sont ou découragées ou amenées à faire des anticipations négatives et à surestimer les coûts nouveaux ainsi créés. De la même manière que dans un environnent inflationniste les agents économiques sont amenés naturellement à faire des anticipations elles-mêmes inflationnistes. Effets pervers, dis-je, et cumulatifs !

Et de plus ces forces créatrices qui ne représentent qu’une petite minorité électorale sont le dernier des soucis de nos démagogues. Elles opèrent dans le secteur le moins privilégié de la Nation, le secteur concurrentiel, ouvert à tous les risques, à l‘humeur de l’Etat, comme à la hausse des matières premières. Lourdement taxées, réglementées, surveillées et encadrées, elles n’ont même pas la considération qu’elles mériteraient. On les culpabilise sur cette prime de risque (le profit dans ce cas) que dans d’autres métiers on n’hésite pourtant pas à faire valoir et à défendre en descendant dans la rue.

Pas étonnant que cet autre membre de l’équation soit particulièrement faible, et que la résolution de la dite équation aboutisse à ce chiffre dramatique : - 5millions (chômeurs plus tous les exclus du travail)

L’alourdir encore un peu plus sous la pression des secteurs privilégiés c’est bien la démagogie du pire.



PS : Lire sur le sujet, « Le chômage, fatalité ou nécessité ? » de Pierre Cahuc, André Zylberberg - éditions Flammarion.

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