mardi, juin 07, 2005

Et maintenant…pour l’Europe ?

L’axe franco-allemand est mort, vive l’Europe libre !

Essayons d’entrevoir l’horizon, alors que la secousse a été si forte que la poussière n’est pas encore retombée et que tout le monde cherche le chemin…


Le concept d’europe politique est née d’un fantasme, celui d’une vision technocratique et chimérique de grandeur et de puissance collective.

C’était une initiative exclusivement franco-allemande, les 2 poids lourds fondateurs.
Les autres pays ont suivi de plus ou moins bon gré… ils n’avaient pas trop le choix, s’ils voulaient être dans le coup…Ils ont suivi même s’ils étaient exaspérés de l’arrogance de ces 2 aînés.

Ceux-ci affichaient sans vergogne en maintes occasions leur « superior commitment » . Ils manifestaient une superbe hypocrisie ( comme par exemple suspendre en France le processus de privatisation de l’électricité sans pour autant que l’entreprise nationale se gène pour tirer ses marrons du feu dans les autres terres européennes, voter à Lisbonne des orientations qu’ils contredisent à Bruxelles quelques années après, etc.). Ou encore ils montraient une souveraine désinvolture avec les règles du jeu qu’ils avaient eux-mêmes durement imposées aux impétrants, comme les règles budgétaires de Maastricht, quand celles-ci ne leur convenaient plus, etc.

Tous ces pays, ceux de la 2ème, 3ème et 4ème vague, se retrouvent aujourd’hui décomplexés et libérés de cette tutelle ou de ce parrainage encombrant. Ils ne vont plus se gêner pour faire peser leur propre point de vue.

En France, il ne manque pas d’esprits forts pour fustiger les nonistes en les rendant responsables de cette perte de prestige et de suprématie et pour rager devant la soi-disante jubilation des Anglais qui se retrouve en effet maintenant un peu comme le chef de file de ces pays…Mais ce sont eux, ces esprits forts qui sont dans l’erreur, comme si une association aussi ambitieuse entre 25 pays si différents pouvait exister réellement et être durable avec un tel déséquilibre et sur un tel malentendu. Si ce n’avait pas été le 29 mai, il y aurait eu d’autres crises dans le futur.

Tous les pathétiques efforts pour essayer de sauver ce TCE même éventuellement modifié sont voués a l’échec, car le Traité n’est plus en cause, c’est la tutelle intellectuelle de l’axe franco-allemand qui est définitivement dévalorisée.

C’est donc un horizon éclairci qui s’entrevoit. Personne ne souhaite mettre fin à l’idée européenne qui reste porteuse d’espoir. Mais la grande majorité des pays, et en particulier les 15 nouveaux, sont pour une approche plus pragmatique, plus réaliste et modeste.


Ce sont eux qui ont maintenant la parole et en particulier sous la prochaine Présidence de la Grande-Bretagne… C’est sur eux que l’on peut compter pour faire entendre un point de vue basé sur la liberté des nations et des individus :

- Restauration de la démocratie à l’échelle de la nation au détriment de la bureaucratie bruxelloise.
- Respect des souverainetés et différences nationales contre l'illusion de l'harmonisation (sociale ou fiscale).
- Retour aux principes de libre-échange, fondement de la prospérité initiale de l’Europe.
- Recherche et approfondissement des espaces de coopérations à la carte.
- Renforcement du lien transatlantique.
- Application d’une politique plus raisonnable de solidarité au profit des Etats les plus pauvres et surtout soumise à de stricts contrôles démocratiques, etc.

C’est une vision de l'Europe, largement libérale.
La pilule sera difficile à avaler en France et nous allons être chahutés, très chahutés. Mais au bout du compte, selon l’expression espagnole : No hay otra sopa ! *

*Il n’y pas d’autre soupe

Demain peut-être un billet sur : Et maintenant…pour la France ?

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