mardi, avril 11, 2006

Le « capitan matamore »* (après le retrait du CPE)

A la hussarde, il voulait faire passer sa mesurette. Aujourd’hui le hussard mord la poussière.

Il était trop pressé, comme Balladur en 1993 avec le CIP, le fameux Smic-jeunes. Même combat, même reculade. Despote, aristocrate et faible, comme Balladur, car comme lui, épris de lui-même et fascinés par les prochaines élections présidentielles.

Il croyait que sa fermeté lui ouvrirait la voie royale. Un pari risqué! C’est l’homme des paris d’ailleurs, puisqu’on lui doit l’idée de la dissolution de l’Assemblée en 1995. Le problème, c’est qu’il les perd !

Dans cette triste aventure, on ne voit à l’œuvre que les ambitions personnelles des "politicos", l’inconsistance d’un « Roi Fainéant », des intérêts catégoriels bornés, l’égoïsme à tous les étages, voire un déni collectif de la réalité qui confine à la stupidité.


On voit des étudiants manipulés par des syndicats marxistes et obscurantistes, des jeunes qui seraient plus avisés de se révolter contre des causes plus sérieuses comme par exemple, les passifs extravagants que le Pouvoir met à leur charge pour leurs prochaines années, des fonctionnaires à l’emploi garanti qui descendent dans la rue pour lutter contre la précarité…de l’emploi.

Et beaucoup de se désespérer. Les français sont incapables de se réformer, entend-on partout. De l’étranger nous vient commisération et pitié. C’est dans notre patrimoine génétique que ce situerait le mal, à moins que le coupable ne soit notre héritage socioculturel .

J’y vois surtout une carence extraordinaire de la démocratie à la française et des institutions aberrantes de la 5ème république .

Un exécutif bicéphale irresponsable dont l’unique objectif est le pouvoir, ce qui aboutit à une paralysie dépensière. (On ne réforme pas, « pas de vagues », mais on distribue). A certaines époques les deux têtes s’entre-dévorent , dans un navrant spectacle. L’immobilisme est alors total, mais les dépenses continuent, pour donner l’illusion de l’action.

Un Parlement de connivence qui de toute façon est impuissant devant l’exécutif puisque l’une de ces têtes est hors de sa portée et que l’autre est sa créature ou son rejeton. Il n’est donc pas destiné à sanctionner. Il n’en a pas envie d’ailleurs, vu qu’il est juge et partie. Il est composé en majorité de fonctionnaires ou autres catégories socioprofessionnelles dépendant de l’état (51.3% au moins) (L’origine sociologique des parlementaires)

Ce Pays est soumis à une technostructure vouée au culte du pouvoir et des syndicats très minoritaires mais incrustés (entrenched) dans le corps social à des positions clés et voués à leurs intérêts corporatistes.

Une espèce de complicité objective s’établit entre eux pour former une oligarchie prédatrice aux dépens des autres citoyens.

De plus cette technostructure fonctionne comme une caste. Elle est toute pétrie de culture étatique et a un souverain mépris pour le citoyen de base qu’elle considère incapable de veiller à ses propres intérêts.

A celui-ci on donne de temps à autre des choix électoraux pour la forme, mais les options sont limitées aux candidats qui font tous partie de la même caste !

A coté d’un monde de privilégiés qui sait et qui dirige, il y en a un autre, la France d’en bas !! Laquelle est incapable, et avec juste raison, de s’identifier au personnel politique. C’est l’antithèse de la démocratie.

Dans aucun autre des grands pays de l’OCDE, il n’existe une telle dichotomie sociale.

De là surgissent tous les mouvements de rejets de ces dernières années, comme les élections d’avril 2002, la montée des partis extrémistes, le mal de vivre, la nécessité de se faire entendre dans la rue et finalement le déclin programmé. On a vraiment le sentiment aujourd'hui que les jeunes manifestent plus contre ce système que contre le CPE. Un peu comme ces adolescents qui ont des problèmes de communications avec leurs parents et qui font des crises.

Une véritable démocratie représentative, c’est une diffusion des données dans le corps social, une fluidité des rapports sociaux, une meilleure appréhension des problèmes par chacun des citoyens, des sanctions immédiates en cas d’échec ce qui permet un pilotage plus ajusté. Elle permet un appel collectif à l’intelligence du citoyen et à son bon sens. En bref le citoyen participe et se sent concerné et ça change tout !

Il est donc vrai qu’aujourd’hui en France aucune réforme n’est possible en effet, sans la première d’entre elle, la constitutionnelle. (à suivre)




* expression utilisée par Franz-Olivier Giesbert pour qualifier Villepin (dans son livre « La Tragédie du Président »)

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