mardi, octobre 04, 2005

Pétro-paradoxe.

L’essence est chère à la pompe et tous se mettent à rêver d’un futur où les énergies de substitution auront enfin remplacé l’or noir. Quelle belle satisfaction écologique serait de rouler en voiture à hydrogène qui n’échappe que de la vapeur d’eau (technologie de la pile à combustible-fuel cell technology), et quel soulagement géopolitique de se rendre indépendants de ces Pétro-States qui nous font chanter !

On s’étonne en même temps qu’à $65 le baril, compte tenu de l’appétit du monde en énergie, les progrès dans ce domaine soient lents et besogneux, alors que l’intelligence humaine fait des merveilles par ailleurs.

Bien entendu les esprits forts et les âmes savantes dénoncent la rapacité des grands groupes pétroliers qui, selon eux, bloqueraient cet avènement pour jouir de leur rente de situation : « …energy companies are paying scientists, analysts, columnists, reporters, and others to badmouth and suppress fuel cell technology… ».

Le paradoxe : c’est parce que le pétrole est trop bon marché… à produire, que le développement des énergies de substitutions n’est pas forcément facilité par des prix de marché élevés !

En effet son coût de production est dérisoire au moins pour les plus grands producteurs, notamment au Moyen-Orient (Arabie Saoudite, Iran, Irak et Libye où les gisements sont abondants faciles d’accès et peu profonds). Ce coût n’y est qu’une fraction infime du prix final.

D’où une situation trop précaire et peu favorable aux investissements gigantesques indispensables, pour que n’importe quel groupe financier puisse sérieusement s’engager dans une politique de substitution à grande échelle.

En effet en cas de faiblesse conjoncturelle de la demande, les prix s’ajustent automatiquement à la baisse sans limite basse puisque le plancher que constituerait normalement le coût de production est infime, et, pour la plupart des grands pays producteurs qui n’ont que cette seule ressource, il faut exporter ou mourir, à n'importe quel prix.

Jetez un coup d’œil sur le graphique de l’évolution des cours du pétrole de ces dernières années. Il n’y a pas si longtemps, à peine 7 ans, en octobre/novembre 1998, le prix du baril est tombé à moins de $8.

Qui peut garantir que cette conjoncture ne se reproduira pas ?
En particulier si on pense à toutes les interventions étatiques sur ce marché du pétrole, les uns taxent, les autres subventionnent (souvent à crédit pour les pays d’Asie). Les taxés peuvent connaître la récession et les subventionnés subir une crise financière (comme en 1998). Ces distorsions ajoutées à la précarité ci-dessus, contrarient le fonctionnement naturel du marché, rendent aléatoire les prévisions à long terme et donc particulièrement risqués les investissements dans les énergies de substitutions.


La Bourse ne s’y trompe d’ailleurs pas et ne favorise guère les quelques compagnies travaillant dans ce secteur comme « Ballard Power Systems » fabriquant de piles à combustible (fuel cell), compagnie canadienne pourtant suffisamment remarquable pour avoir reçu récemment à Vancouver la visite du Président chinois.



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