mercredi, mai 18, 2005

Les origines inavouables de l'Europe politique

D'un côté, ChiTché, et ses collègues du Oui, nous assurent que cette Constitution nous protège du capitalisme anglo-saxon, sauvage bien entendu, et qu'elle est la fille de la Révolution (relisez Hippolyte Taine pour savoir ce que cela veut dire !), de l'autre, les partisans du Non, la Constitution est le cheval de Troie de l'ultra-libéralisme, sauvage également, on s'en doute.

Après toutes ces incohérences dont on nous rebat les oreilles jusqu'à l’écœurement, il est bon de revisiter les origines du concept de l'Europe politique.

On veut lui prêter de nobles principes philosophiques où l'on se réfère à l'union, la fraternité, la paix etc., alors que les origines relèvent plus de la RealPolitik, voire de notions freudiennes.

Il faut d'abord se rappeler que l'Europe politique au départ, c'est exclusivement une ambition franco-allemande, les autres pays n'ont pas d'autre choix que de suivre les deux locomotives, (pour l'instant).

À quelles motivations ces deux pays ont ils obéit ?

Le complexe d'infériorité économique et monétaire de la France, vis-à-vis de l’Allemagne est bien connu. La peur de l'Allemagne réunifiée en 1991 a déclenché le processus. C'est à cette époque-là que le premier pas réel vers l'Europe politique a été réalisé avec la monnaie commune, l'euro. Depuis l'avènement Chirac, s'est ajoutée la chimère gaulliste à savoir l'Europe-puissance pour s'opposer à l'Amérique. Pour la France, pays du « jus soli » la nation est un concept important, mais elle fait le choix de le sacrifier par démission ou chimère.

L’Allemagne, sûre d’elle-même et de sa force économique (tout au moins en se rapportant à la même époque), cherche pour sa part à conserver la France dans sa zone d'influence pour éviter que cette dernière ne soit tentée par d'autres alliances. Et dans un nouvel ensemble où le concept national est affaibli, elle se sent elle, pays du « jus sanguinis », plus à l'aise pour assurer sa domination.

Il faut lire sur ce thème, de John Laughan, « La liberté des nations. Essai sur les fondements de la société politique et sur leur destruction par l'Europe » publié initialement en Grande-Bretagne sous le titre « The tainted source of the european idea », ainsi que le commentaire d'un lecteur (Claude Rochet) sur Amazon sous le titre « L'idéologie eurochouillarde ».

Ce n’est pas sur de telle base que l’on peut construire un édifice cohérent et durable. Et comment peut-on même envisager, sur un tel malentendu, parvenir à associer 23 autres pays tous tellement différents. C’est l’incohérence suprême !



Avec une note intitulée « La fuite en avant » - demain peut-être - se terminera ma série sur l’Europe politique. Après on passera à d’autres sujets.

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