mardi, mai 10, 2005

"On juge l'arbre à ses fruits"

Mon message aujourd'hui s'adresse à ceux qui conscients des malheurs de la France pensent que ce Traité Constitutionnel la forcera vaille que vaille, ou bon gré mal gré sur la voie des réformes. Je leur dis clair et net : en votant pour ce traité c'est le pouvoir de la technocratie franco-allemande que vous renforcez.

Or quels sont les « fruits » de cette technocratie-là : une croissance molle (voire nulle pour l'Allemagne) et un taux de chômage de 10 à 12 % entre autres calamités.
Est-ce que c'est cela que nous voulons !

Il y a bien sûr les 23 autres pays, mais tout le passé européen nous enseigne que le couple franco-allemand uni par la voie de compromissions et d'accommodements mutuels (notamment au sujet de la privatisation constamment reportée de l'EDF, ou de l'agriculture, l'Allemagne est le plus gros financier et la France le plus grand débiteur de la PAC) fait la loi dans le concert européen. On l'a vu récemment pour l’abandon des critères de Maastricht et le retrait de la directive Bolkenstein.

Mais la Grande-Bretagne me direz-vous ?
Ce pays n'a guère été moteur dans la construction européenne. Il reste sur le quai en attendant que le train démarre. Il le prendra ou non selon sa convenance. Il saura garder son libre arbitre.

Quant à la politique étrangère. Rassurée sur son flanc ouest l'Allemagne se tourne déjà vers la Russie dont elle a le plus grand besoin pour son énergie et projeter sa puissance à l'est. C'est sa « Realpolitik » 21ème siècle. (Bismarck, vous avez entendu parler !). Associé au Gaullisme français, le couple (ou l'axe -- expression plus souvent utilisée malgré sa résonance historique fâcheuse) nous mène vers une Europe dirigée contre l'Amérique.
Est-ce que c'est cela que nous voulons !

Le fondateur Jean Monnet ne concevait pas autrement l'Europe, qu'unie et « complétée d'un partenariat avec les États-Unis » ( « Jean Monnet, 1888-1979 » d’Eric Roussel ).

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le Pari du OUI

Nous ne pouvons qu’être d’accord à propos du diagnostic posé par Mispe sur la situation de la France. Mais, peut-on penser qu’en votant non au traité constitutionnel, les courageux se réveilleront pour appliquer à notre pays le remède (probablement de cheval) qui lui permettra d’envisager moins de chômage, plus de croissance… Probablement NON, parce que politiquement ce sera la victoire des moins progressiste et des plus étatiste. Ce sera le statut quo ou pire encore... Evidemment les politiques, partisans du OUI, se réveilleront avec la gueule de bois. Mais ils n’en sont plus à ça prés et la dignité et le courage ne sont pas ce qui les caractérisent.

Par conséquent Mispe est bien naïf de penser qu’en votant NON, ce fameux coup de balai permettra de réveiller les consciences et d’appliquer enfin les réformes qu’il suggère et sur lesquelles nous pouvons le rejoindre. Il s’agira juste d’une revanche personnelle sur cette technostructure qui nous l’avons vu, n’a de toute manière aucun orgueil et continuera de perdurer.

En revanche en votant OUI, nous nous donnons une toute petite chance d’être secoué par le reste de l’Europe et bon an, mal an de suivre l’exemple des pays ou à protection sociale équivalente les taux de croissance et de chômage sont présentables…

Enfin, pour ce qui concerne le rapport aux Etats-Unis, seul la France, dans son discours, positionne l’Europe en opposition à « l’empire américain ». Mais nous savons bien que ce n’est que pour flatter l’anti-américanisme primaire historique de nombre de nos concitoyens. En politique étrangère ce sont les rapports de force réels qui régissent et non les discours…Ajoutons que le traité renforce le pouvoir du parlement, où les décisions seront prises à la majorité, et où la France et l’Allemagne réunies représentent moins d’un quart des voix (22,5 %).

En conclusion,le Pari du non n’apportera rien, celui du oui nous donne une petite chance d’évolution positive.

Bon Sens

mispe a dit…

Il ne faut pas se tromper d'adversaires.
À qui la faute de la situation calamiteuse de la France ? Ce ne sont pas les Français courageux ou pas, à la conscience réveillée ou endormie...C'est la technocratie française, et à sa lâcheté (et depuis plus d'un siècle) et qui, aujourd'hui, dans le cadre de l'Europe s'appuie sur celle de l'Allemagne.
Il ne peut être question pour moi de renforcer ce Pouvoir. Ce n'est pas de la naïveté c'est une question de clairvoyance.
Pour vaincre le Leviathan je ne vais pas me fourrer dans ses bras.
En ce qui concerne les réformes, les Français seront de toute manière bien obligés d'y passer. La chute du communisme, la révolution des technologies de l'information, l'émergence de la Chine et de l'Inde font que « l'Histoire s'est remise en mouvement » et puissamment. La France suivra ou alors elle retournera au moyen âge. C'est certainement pas cet « OVNI Institutionnel » qui l'yaidera.
Ce qui peut l'aider au contraire c'est de faire trembler cette technocratie sur ses bases. En votant Non, nous créons le choc politique. Ça ne suffira pas, il en faudra d'autres mais c'est un début.
Par ailleurs cher Bon Sens. Tu sous-estimes singulièrement la puissance de l'axe franco-allemand dans le concert européen. La plupart des autres pays (Grande-Bretagne mise à part) ont très peu de prises sur cette puissance de par leur taille, leur dépendance financière, ou leur ancienneté dans l'Union. Et ce n'est pas ce Traité qui leur en donnerait plus.
Last but not least. En politique étrangère, la disparition de la menace soviétique a libéré l'Allemagne du lien Atlantiste et les tropismes germaniques historiques reprendront le dessus. « Une Allemagne certes exemplairement démocratique mais néanmoins aimablement impériale » au mieux ! Elle nous tire vers l'est ce qui se marie excellemment avec le gaullisme et nous écarte des valeurs de liberté et de démocratie ainsi que de l'Amérique. C'est une question de sensibilité. Je ne veux pas en entrevoir la possibilité ou en prendre le risque.
Tout ceci ne veut pas dire que je rejette l'Europe. Bien au contraire je rêve d'une Europe libre qui cherche constamment à renforcer la coopération entre les nations toutes ensembles ou par groupes. C'est ce qu'on appelle d'ailleurs créer des espaces de « coopérations renforcées » ou l'adhésion des différentes nations se ferait en quelque sorte à la carte (la zone euro, la zone Schengen...)